Critique

« Conflict », un thriller prenant dans une Finlande occupée

Cette mini-série, diffusée sur Canal+ les lundis à 21 heures et dont les deux premiers épisodes sont disponibles en replay, met en scène l’invasion du sud de la Finlande par une armée d’occupation d’origine indéterminée. Une fiction au réalisme glaçant.

À la veille des fêtes traditionnelles du solstice d’été, la péninsule de Hanko dans le sud de la Finlande est soudain envahie par des soldats de nationalité non identifiée, mais portant l’uniforme national. Les communications et l’électricité sont coupées, les ports bloqués et un check-point s’installe sur l’unique route qui dessert la presqu’île. Dix mille civils se retrouvent pris en otage, réduits à écouter, enfermés chez eux, les messages de l’armée d’occupation les assurant de ses intentions « pacifiques ». Que veulent les envahisseurs et pour le compte de qui agissent-ils ?

Dès les premières minutes, la mini-série Conflict, réalisée par le Finlandais Aku Louhimies, happe le spectateur par un mélange bien dosé de suspense et de scènes d’action efficaces. Plusieurs intrigues s’entremêlent sans temps morts : une brigade de jeunes appelés s’efforce de survivre et de s’échapper de la zone occupée, tandis qu’un commandant aguerri cherche à retrouver son ex-femme et sa fille et que des civils organisent la résistance. À Helsinki, la tension monte au sommet du pouvoir pour déterminer la marche à suivre.

Géopolitique et facteur humain

Le premier ministre, vieux briscard de la politique, préconise une solution diplomatique alors que la présidente, une quadragénaire au verbe tranchant, prône l’engagement armé et troque vite son tailleur pour l’uniforme militaire, à la manière d’une Zelensky au féminin. Filmé avec un réalisme glaçant, Conflict nous plonge dans l’engrenage d’une de ces guerres modernes dites hybrides, associant désinformation, cyberattaque et opérations secrètes des forces spéciales. Même si l’identité de l’ennemi reste floue jusqu’à la fin, difficile de ne pas penser à la menace que la Russie de Vladimir Poutine fait planer sur le nord de l’Europe.

Malgré la place importante accordée aux questions géopolitiques et aux missions militaires, la série ne néglige pas pour autant le facteur humain. Les dilemmes intimes apportent un soupçon de complexité à des personnages parfois très monolithiques.