L’extrême droite européenne s’attaque à l’UE, lors d’un meeting dans le Loiret

Jordan Bardella (g), président du RN, Santiago Abascal (c), leader du parti espagnol Vox, et Marine Le Pen (d), présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale sur des affiches de la "Fête de la victoire", un rassemblement de l’extrême droite européenne organisé par le Rassemblement national (RN) à Mormant-sur-Vernisson, le 9 juin 2025 dans le Loiret
Jordan Bardella (g), président du RN, Santiago Abascal (c), leader du parti espagnol Vox, et Marine Le Pen (d), présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale sur des affiches de la "Fête de la victoire", un rassemblement de l’extrême droite européenne organisé par le Rassemblement national (RN) à Mormant-sur-Vernisson, le 9 juin 2025 dans le Loiret JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Dépeinte comme un « empire marchand, wokiste, ultralibéral », l’Union européenne a été la cible d’attaques virulentes lundi 9 juin, lors d’un grand rassemblement du Rassemblement national (RN) dans le Loiret, où l’extrême droite européenne a affiché un front commun et multiplié les déclarations incendiaires.

L’extrême droite européenne a affiché lundi 9 juin une unité de façade et un discours agressif contre l’Union européenne et sa politique migratoire, lors d’une grande manifestation organisée par le Rassemblement national (RN) dans le Loiret. Devant plusieurs milliers de militants réunis pour la « Fête de la victoire », un an après la percée du RN aux élections européennes, les principaux leaders des partis d’extrême droite du continent ont multiplié les déclarations incendiaires.

Le premier ministre hongrois Viktor Orban a donné le ton en comparant la politique migratoire européenne à un « échange organisé de populations » visant à « remplacer le socle culturel » du continent. « Nous ne les laisserons pas détruire nos villes, violer nos filles et nos femmes, tuer des citoyens pacifiques », a-t-il lancé sous les applaudissements nourris des partisans se targuant d’avoir « repoussé les migrants » en Hongrie. Il

Dans ce discours prononcé en hongrois et traduit en direct en français, le dirigeant à clairement ciblé l’UE, assumant son rôle de « brebis galeuse de l’Union européenne », de « cauchemar de Bruxelles ». Il a exhorté le Rassemblement national à s’imposer dans les prochaines échéances électorales : « Sans vous, nous ne pourrons pas occuper Bruxelles (…) Nous ne pourrons pas sauver la Hongrie de la guillotine bruxelloise », a lancé Viktor Orban.

Marine Le Pen promet de « remettre de l’ordre »

Marine Le Pen, a poursuivi en décrivant l’Union européenne comme un « empire marchand, wokiste, ultralibéral » qui « impose et opprime » les nations. « C’est un empire contre nos peuples », a-t-elle martelé, fustigeant « la machine bureaucratique froide, impersonnelle, autoritaire » de Bruxelles.

La cheffe du RN a promis de « remettre de l’ordre » et de « finir la partie pour la gagner », évoquant clairement son ambition de voir l’extrême droite conquérir le pouvoir en France comme en Europe. Elle a qualifié la politique migratoire européenne de « pacte de submersion migratoire » et de « dilution démographique » orchestrée, tout en rejetant la perspective d’un « Frexit », préférant « changer l’UE de l’intérieur ».

Sur la guerre en Ukraine, Marine Le Pen a fustigé ce qu’elle a qualifié de « projet de guerre programmé » par l’UE, accusée de consacrer « toute son énergie » à soutenir Kiev au détriment des intérêts nationaux européens.

Jordan Bardella, président du RN et tête de liste aux européennes de 2024, a clôturé les discours en se posant en « champion » d’une Europe des nations. Il a salué « l’alliance des forces patriotes », persuadé qu’elle pourrait faire basculer le Parlement européen et « reprendre le pouvoir aux élites bruxelloises ».

L’extrême droite pour « changer l’Europe »

La scène européenne de l’extrême droite était représentée au plus haut niveau. Matteo Salvini, vice-président du Conseil italien et figure de la Ligue, a alerté sur une « invasion de clandestins, principalement islamistes, financée et organisée dans le silence de Bruxelles », appelant les « patriotes » européens à « travailler ensemble pour reprendre en main le destin et l’avenir de l’Europe ». Santiago Abascal, leader de Vox en Espagne, a plaidé pour le « retour à la souveraineté » sur les questions migratoires, dénonçant le « pacte migratoire européen » comme une atteinte aux droits fondamentaux des États.

Le rassemblement comptait également la présence de dirigeants alliés de l’extrême droite tchèque (Andrej Babis), grecque (Afroditi Latinopoulou), polonaise (Krzysztof Bosak), estonienne (Martin Helme) et belge (Tom Van Grieken). Le leader néerlandais Geert Wilders, absent physiquement, a adressé un message vidéo, félicitant ses homologues pour leur détermination à « changer l’Europe ».

En parallèle, des responsables de gauche, associations et syndicats ont manifesté à Montargis (Loiret) pour s’opposer à la grand-messe organisée par le Rassemblement national, tentant de « construire la résistance » face à des rivaux politiques qui ne sont « pas les bienvenus ». Plusieurs milliers de personnes, 4 000 selon les organisateurs, ont défilé en fin de matinée dans les rues de la ville du Loiret dans le calme.