Conclave : de Paul VI à François, retour sur les 5 dernières élections de papes

Les cardinaux entrent dans la chapelle Sixtine avant le début du conclave au Vatican, le 12 mars 2013.
Les cardinaux entrent dans la chapelle Sixtine avant le début du conclave au Vatican, le 12 mars 2013. - / AFP
Le prochain conclave, qui commencera mercredi 7 mai 2025, doit élire le prochain pape et successeur de François. Ce moment primordial dans la vie de l’Église est toujours rythmé par des surprises, comme en témoignent les précédentes élections. Retour sur les cinq derniers conclaves.

« Qui entre au conclave en pape en ressort cardinal », selon un adage romain. Ce moment d’élection, organisé entre quinze et vingt jours après la mort ou le renoncement du pape, fait partie des événements majeurs du Vatican et s’avère rarement dénué de surprises.

Le prochain conclave aura lieu le 7 mai pour élire le successeur de François. Autrefois, les cardinaux pouvaient se réunir jusqu’à deux ans avant d’arriver à un compromis. Mais la durée s’est drastiquement réduite au fil du temps, avec des scrutins qui se limitent souvent désormais à quelques jours. Retour sur les cinq derniers conclaves, de Paul VI à François.

Le conclave de 1963, un homme pour réformer l’Église

Le 3 juin 1963, le pape Jean XXIII succombe à un cancer de l’estomac. Il laisse derrière lui une Église catholique en pleine transition, pendant le concile Vatican II qu’il a lui-même initié durant son pontificat. Les cardinaux ont donc la lourde tâche de choisir un religieux capable d’achever la réforme de la liturgie.

Après trois jours de conclave et six tours de scrutin, les votes désignent naturellement et sans opposition celui qui deviendra Paul VI. Habitué du Vatican et proche des papes précédents, Giovanni Battista Montini, archevêque de Milan, a suivi de près les avancées du Concile, qu’il voit comme un moyen d’ouvrir l’Église au monde. Il crée notamment une commission de coordination aux côtés de quatre autres cardinaux, une initiative remarquée par Jean XXIII.

Jean-Paul Ier, une confusion sur la couleur de la fumée

L’élection du successeur de Paul VI, en août 1978, se fait à l’issue un conclave particulièrement éprouvant. Les cardinaux doivent supporter la chaleur étouffante de l’été romain dans la salle sans fenêtre où ils délibèrent.

S’il n’était pas pressenti comme favori, le cardinal de Venise est finalement choisi après quatre tours de scrutin. À l’issue de ces deux jours de délibération, Jean-Paul Ier aurait alors déclaré avec humour : « Que Dieu pardonne ce que vous avez fait », avant d’accepter sa nouvelle fonction.

Pour annoncer son élection, et comme il est coutume de faire au Vatican, une fumée blanche s’élève dans le ciel. Cependant, une confusion saisit les fidèles qui, à contre-jour, aperçoivent des volutes noires, signifiant habituellement que le scrutin n’a rien donné. C’est le cardinal italien Pericle Felici qui lève le doute en prononçant la formule « Habemus papam » au balcon de la basilique Saint-Pierre.

1978, le conclave de l’urgence

C’est un conclave inattendu qui est convoqué à peine un mois après l’élection de Jean-Paul Ier. Le 28 septembre 1978, après seulement 33 jours de pontificat, le pape meurt d’un infarctus dans la nuit. En urgence, les cardinaux se réunissent donc de nouveau à Rome.

Après trois jours et huit tours de scrutin, c’est Karol Wojtyla, l’archevêque de Cracovie, qui est désigné en octobre 1978. Son élection est une surprise pour les fidèles. D’abord, il est relativement jeune, âgé de 58 ans seulement. Mais surtout, il est d’origine polonaise, ce qui fait de lui le premier pape à ne pas être italien depuis Adrien VI, originaire des Pays-Bas et élu en… 1522.

Très attaché au concile Vatican II, auquel Karol Wojtyla avait activement participé en tant qu’évêque, il prend le nom de Jean-Paul II pour suivre le modèle de ses trois prédécesseurs.

Benoît XVI, le pape qui ne voulait pas être pape

Benoît XVI devient le 265e pape le 19 avril 2005. À son élection, il est largement favori dans les médias et il faut à peine 24 heures aux cardinaux pour le désigner. Joseph Ratzinger est en effet un habitué de la Curie. Il avait déjà été repéré par Jean-Paul II durant son pontificat. Le pape l’avait nommé préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En 2002, il est même élu doyen du Collège des cardinaux.

Pourtant, ce n’est pas une évidence pour le principal concerné. Alors âgé de 78 ans, il aspire à un repos bien mérité après une vie passée au service de Dieu. Il compare même son élection au « couperet de la guillotine ». Il ne refuse pour autant pas sa nouvelle fonction et choisit le nom de Benoît XVI, en l’honneur de Benoît XV, pape de 1914 à 1922 et dont il admirait la gestion de l’Église durant la Première Guerre mondiale.

Malgré le secret qui entoure le conclave, l’un des électeurs explique après coup que le nouveau pape s’est heurté à un adversaire populaire parmi les cardinaux. Sur les 115 votants, une quarantaine d’entre eux auraient accordé leur voix à un certain Jorge Mario Bergoglio, d’origine argentine.

François, l’élection surprise

Lundi 11 février 2013, une nouvelle chamboule le Vatican. Benoît XVI annonce renoncer à sa fonction de pape, un événement qui n’était pas arrivé depuis 1415 et la renonciation de Grégoire XII. Le 28 février, il quitte définitivement le Saint-Siège.

Le favori pressenti pour lui succéder est alors le cardinal milanais, Angelo Scola. Pourtant, au bout du cinquième scrutin, c’est Jorge Mario Bergoglio qui est élu pape. Une nouvelle tellement inattendue que le 13 mars, alors que la fumée blanche au-dessus de la chapelle Sixtine annonce l’élection, la Conférence épiscopale italienne diffuse par erreur un mail pour féliciter le choix du « papa Scola ».

Jorge Mario Bergoglio devient alors le premier pape d’origine américaine et le premier à se nommer François, en hommage à la vie simple de saint François.