Éditorial

Conclave, le choix de Dieu et la part des hommes

Loup Besmond de Senneville, rédacteur en chef adjoint à La Croix
Loup Besmond de Senneville, rédacteur en chef adjoint à La Croix Franck Ferville / pour La Croix
L’heure de choisir un nouveau pape est arrivée pour les 133 cardinaux électeurs du conclave. Selon la doctrine catholique, c’est bien l’Esprit Saint qui leur inspirera un choix. Et comme toujours dans le christianisme, la liberté laissée aux hommes est immense.

À l’heure d’entrer en conclave dans la chapelle Sixtine, mercredi 7 mai, à quoi penseront donc les cardinaux ? Sans doute lèveront-ils les yeux vers la fameuse peinture de Michel-Ange, où l’index de Dieu rejoint celui d’Adam, sans toutefois le toucher. Un signe de l’alliance entre l’être humain et son créateur, que les cardinaux chercheront à renouveler lors de cette élection. Car, selon la doctrine catholique, c’est bien l’Esprit Saint qui leur inspirera un choix. Et comme toujours dans le christianisme, la liberté laissée aux hommes est immense.

C’est un processus à la fois lent et rapide, en tous points vertigineux, qui s’achève, avec cette entrée en conclave. Les discussions qui ont eu lieu à Rome ces derniers jours ont montré toute la difficulté de la tâche. L’Église a ainsi besoin d’un pape qui garantira l’unité de l’institution, saura parler au Sud global, devra s’adresser aux leaders d’un monde en plein bouleversement. Il faudra aussi qu’il soit sensible, charismatique, théologien, bon communicant, et qu’il intègre l’héritage du pape François. Une tâche impossible, en apparence.

Les cardinaux participant au conclave font pourtant montre, à Rome, d’une très étonnante sérénité. Alors même qu’ils savent, de l’aveu de plusieurs d’entre eux, « qu’aucun candidat ne cumulera toutes les qualités nécessaires ». Alors même que le temps dont ils disposent pour choisir l’homme qui présidera aux destinées de 1,4 milliard de catholiques pendant – au moins – la décennie à venir, est bref. Sans doute les cardinaux comptent-ils sur une sorte d’évidence pour les aider à choisir. Finalement, interrogeait-on un cardinal cette semaine, « après toutes ces discussions, cette élection n’adviendra-t-elle pas naturellement ? » Réponse de notre interlocuteur : « J’espère surtout qu’elle sera surnaturelle. »