Accord de Paris : à part les États-Unis, quels sont les pays qui boudent le traité ?

En décembre 2015, le ministre des affaires étrangères et président désigné de la COP21, Laurent Fabius, avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le président français, François Hollande, après l’adoption de l’Accord de Paris.
En décembre 2015, le ministre des affaires étrangères et président désigné de la COP21, Laurent Fabius, avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le président français, François Hollande, après l’adoption de l’Accord de Paris. FRANCOIS GUILLOT / AFP
À peine de retour à la Maison-Blanche, lundi 20 janvier 2025, Donald Trump a signé un décret présidentiel enclenchant la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris. En dehors de son pays, seuls trois autres n’ont pas ratifié ce traité international visant à limiter le réchauffement climatique.

Donald Trump avait porté un premier coup de canif à l’Accord de Paris lors de son précédent mandat. Quatre mois après son entrée en fonction, en juin 2017, le président des États-Unis avait annoncé avec fracas le retrait de son pays de ce traité international visant à limiter le réchauffement climatique « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels ».

À peine de retour à la Maison-Blanche, lundi 20 janvier, l’élu climatosceptique a renouvelé l’opération, signant un décret enclenchant la sortie des États-Unis de l’accord. Cette décision entrera en vigueur dans un an, comme le veut la procédure du texte scellé en 2015.

Si la procédure va jusqu’à son terme, les États-Unis rejoindront le tout petit club des pays à ne pas adhérer à l’Accord de Paris. À l’échelle mondiale, seuls l’Iran, le Yémen et la Libye n’ont pas ratifié ce traité multilatéral qui compte 195 parties prenantes (194 États et l’Union européenne).

« L’économie de ces pays est fondée sur les énergies fossiles, donc ratifier ce traité serait contraire à leurs intérêts financiers », analyse Marta Torre-Schaub, directrice de recherche au CNRS rattachée à l’Institut des sciences juridiques et philosophique de la Sorbonne. « Cette position rejoint celle de Donald Trump, qui quitte l’Accord de Paris et prévoit d’augmenter le forage d’énergies fossiles aux États-Unis, un pays qui dispose de gisements de pétrole très importants », précise la juriste.

La crainte d’un phénomène de contagion

Bien que l’Iran dispose aussi de grosses réserves de pétrole, ce n’est pas la raison « officielle » de son refus de ratifier le traité. Fin 2021, en marge de la 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) en Écosse, l’un de ses représentants a en effet fait savoir que le pays n’adhérerait pas à l’accord tant que les sanctions internationales le visant à cause de son programme nucléaire ne seraient pas levées.

D’autres pays ont aussi signé tardivement le texte scellant l’accord trouvé à Paris en le 12 décembre 2015. C’est par exemple le cas du Saint-Siège, qui n’a adhéré à l’accord qu’en 2022, car il ne faisait pas partie de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992, un préalable indispensable.

Après le deuxième retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, certains craignent que la décision de Donald Trump n’incite d’autres pays à le suivre.

En 2017, aucun dirigeant ne l’avait fait. Cette fois-ci, l’Argentine du libertarien Javier Milei pourrait peut-être le faire. « Ce pays n’est pas exportateur de pétrole, cette décision serait plutôt motivée par des raisons idéologiques », précise Marta Torre-Schaub.

Au-delà de ce phénomène de contagion, qui devrait rester limité, la juriste s’inquiète du « mauvais signal » envoyé par le 45e et 47e président américain. « Le risque, c’est que les chefs d’États se disent que l’Accord de Paris est maniable à souhait, qu’on peut y entrer ou en sortir quand ça arrange », détaille-t-elle.